Quand tu es blogueur, même avec un petit blog comme le mien, les gens veulent te rencontrer. C’est mi-flatteur mi-flippant à vrai dire. D’accord, c’est toujours valorisant d’être sollicité, mais non, je ne suis pas sûre de savoir parler de vous. Parce que la seule dont je parle toujours c’est moi. Même quand vous pensez qu’il s’agit de vous.
J’étais dans cet état d’esprit quand mon amie Caty m’a appelée. Elle organise un concert avec PollyProd, une association dédiée au développement de groupes musicaux émergents (Bon, il y a assez de mots dans l’intitulé pour que ça m’intéresse).
Brest. Espace Léo Ferré. Samedi 24 octobre 2015.
Elle voulait que j’en parle...
-Moi, je veux bien. Sauf que je ne suis pas journaliste. Les interviews je sais pas faire. Les gens qui me suivent n’aimeront pas.
-Mais si ! Raconte-le en mode «5 minutes». Tu sais faire ça.
«En mode 5 minutes...» Ca m’a laissée songeuse. Que signifiait «en mode 5 minutes» ? Comment pourrais-je parler des autres, comme je parle de moi ?
Caty est mon amie. Elle y tenait. Je suis donc allée chez elle et son mec, Erwann, batteur du groupe Teska qui m’avait généreusement prêté une chanson pour l’une de mes vidéos avec Ouest-France. http://www.5minutes.pro/2014/05/la-minute-d-heloise-8.html
Donc, j’ai pris l’apéro avec les membres du Studio 107. Caty m’avait fait le debrief :
-Des petits jeunes qui font du rock progressif et alternatif.
-Du Rock quoi ?
-Parmi leurs influences, tu as Pink Floyd, Ocean Size ou Dream Theater.
-Ouais, Pink Floyd, ok.
-Et puis regarde, tu as leur page Facebook là. (Dit-elle, téléphone à la main, prête à dégainer). Tu peux même regarder les photos.
-Sont jeunes quand même. Cinq «vingtenaires».
De quoi je vais leur parler ?
Bon, cela risque d’en surprendre certains, mais je suis quelqu’un d’extrêmement timide.
Oui.
Des fois.
Les gens de vingt ans et quelques me rendent nerveuse. Je ne sais pas si je les adore ou si je les déteste. Je me trouve aussi cool qu’eux mais, j’ai dix de plus. Et quelques... Et ça se voit.
Des fois.
Quelques bières ouvertes sur la table basse, une lumière intimiste, deux mecs et leur guitare. Une voix. C’est ce que j’ai entendu en premier je crois.
Kevin, 25 ans. Guitare, chant, textes.
Kevin... Le dernier Kevin que j’ai connu, j’ai du le décrocher de la cabane au fond de la cour d’école.
#SaleGosse
-Bonjour Kevin. Moi c’est Héloïse. T’as pas du feu ?
Kevin me donne du feu.
-Yohann, enchanté.
Bon, pas de quoi être timide, sont mignons les garçons de Studio 107.
Autant vous le dire tout de suite, j’éprouve beaucoup de difficultés à parler de mes goûts musicaux. Je suis nulle pour parler de musique. J’écoute de tout, j’aime beaucoup de choses, mais j’en retiens peu.
#Surcharge
Le seul rock que j’aime, il doit être doux et/ou sonner anglais.
Pour vous la faire courte, je n’irai jamais ni au HellFest ni au Motocultor. J’ai quand même essayé le Novomax à Quimper. Endroit très intéressant. Mais même si je dois reconnaître une intention soignée et un message clair, JC Satan c’était pas mon univers.
Nan, mais normal aussi.J’écoute quand-même du Vincent Delerm.
La vérité c’est que lorsque Caty a lancé le CD, j’écoutais distraitement. Les gars m’expliquaient comment en 2010, ils avaient décidé de faire de la musique entre potes.
Entre potes. Comme la naissance de nombreux projets artistiques. Enfin, je suppose. On a ri, on a mangé des pistaches et bu des bières.
Toujours pas d’avis sur l’album qui tournait.
Oui, du rock qui gueule un peu. Mais pas que. Mais quand même. Dans quel genre de film on entendrait cette musique ? Un teen-movie ? Un film de super Héros hyper dark avec de la pluie tout le temps?
Je ne sais plus si je l’ai demandé ou si les gars l’ont senti, mais d’un geste sûr (pour son âge) Kevin a fait taire le disque, a attrapé sa guitare, Yohann l’accompagnait et je me suis laissée embarquer.
Don’t forget me. Une chanson en anglais. Comme toutes celles de l’album.
It’s been a long now
And I’d like to see your smile
Come and take my hand now
I don’t want to make you cry
I miss you so much
I’d never have thought it could be such
Please come to me
I need you to feel free.
De l’amitié, des combats, de l’humanité. De l’espoir et puis... La noyade.
Hope/Sink. Le nom de l’album. J’aurais préféré que les deux mots soient dans l’autre sens. Mais ce n’est pas mon album. Chacun son message. Et là, je me suis dit que ce qu’ils faisaient au Studio 107, c’était exactement la même chose que moi.
Mais en différent.
Là, c'était en mode «5 minutes».
